Les origines
Le nom de Ménerbes est issu de celui de la déesse romaine Minerva. En provençal, le village se nomme Menèrba. Les premiers indices importants d’occupation humaine sur le territoire de Ménerbes ont été mis au jour dans l’abri Soubeyras et remontent au Paléolithique supérieur. Le dolmen de la Pichoune (« la petite fille ») est l’un des deux seuls monuments mégalithiques de ce type en Vaucluse avec le dolmen de l’Ubac, situé sur la commune voisine de Goult. En l’absence de datation absolue, le type de monument et le mobilier associé semblent correspondre au Néolithique final (Chalcolithique).
L’Antiquité
La commune a livré de nombreux vestiges traduisant une occupation gallo-romaine, en particulier aux quartiers des Alafoux (Ier siècle av. J.-C./Ier siècle ap. J.-C.), des Bas-Heyrauds (fin du Ier siècle av. J.-C.), des Grandes Terres (fin du IIe ou IIIe siècle ap. J.-C.), au quartier Guimberts (fin du IIe ou IIIe siècle ap. J.-C.), au quartier Saint-Alban (70 à 100 ap. J.-C.). Différents vestiges découverts au pied du village pourraient également traduire la présence de villas romaines.
L’Antiquité tardive est également marquée par l’histoire de Castor d’Apt dit Saint Castor. Originaire de Nîmes, il fonda un monastère en un lieu nommé Manancha dont l’emplacement demeure mystérieux mais qui pourrait se trouver sur le territoire de Ménerbes selon certains. Vers 410, à la mort de l’évêque d’Apt, le clergé et la population de cette ville vinrent solliciter Castor pour lui confier le siège épiscopal. Celui-ci se réfugia alors dans une grotte du Luberon, peut-être celle du quartier de Ménerbes connue sous le nom de San Castro (Saint Castor). Les aptésiens finirent par le retrouver et le firent sacrer évêque. Parmi les miracles qui lui sont attribués, il aurait rallié son monastère depuis Apt par une nuit d’orage sans que ses vêtements soient mouillés.
Moyen Âge
Deux portes d’entrée, Saint-Sauveur et Notre-Dame, une imposante citadelle construite à partir du XIIe siècle et de nombreux souterrains témoignent de l’activité du bourg au Moyen Âge. À la moitié de XIIIe siècle, les Carmes, ermites venant du Mont Carmel en Palestine, construisent l’abbaye Saint-Hilaire entre Ménerbes et Lacoste. En 1274, Ménerbes est intégré au Comtat Venaissin.
XVIe siècle
Le village comtadin de Ménerbes s’était particulièrement distingué par sa fidélité au pape durant le début des guerres de religion. Pour l’en remercier, Pie V, le pape du Concile de Trente, affranchit ses habitants des lods et des censes par une lettre bullée datée du 25 novembre 1571. Après le Massacre de la Saint-Barthélemy, les chefs protestants décidèrent de faire un exemple. Ménerbes fut investi le 4 octobre 1573 par environ 150 hommes d’armes conduits par Scipion de Valavoire et des religionnaires de la Valmasque.
Cet outrage fait à une cité dépendant du Saint-Siège ne pouvait rester impuni. La mobilisation fut générale. Un siège fut mis sous le commandement de Henri d’Angoulême, dit le Bâtard de Valois, Grand Prieur de France et gouverneur de Provence. À ses côtés se trouvaient Albert de Gondi, le maréchal de Retz, Dominique Grimaldi, le nouveau recteur du Comtat Venaissin et Saporoso, Capitaine pontifical, qui commandait des compagnies de cavaliers et des gens d’armes à pied venus de Corse et d’Italie, soit en tout 15 000 hommes.
En dépit de ce rapport de force favorable aux pontificaux, le siège dura en longueur. D’autant que les religionnaires de la Valmasque avaient pu avertir leurs frères des Baronnies et des Cévennes qui, en dépit du blocus, réussirent toujours à leur apporter aide et soutien. Pourtant, le nid d’aigle fut d’abord entouré de tranchées, des redoutes furent ensuite placées tous les cent pas et des batteries de canon installées sur le plateau de Gaujac.
Sous l’impulsion du recteur Dominique Grimaldi, qui voulait imposer les consignes pontificales, entre septembre et octobre 1577, une canonnade se fit sur le Castellet de Ménerbes. Ce bastion reçut 907 coups de canon soit 14 tonnes de ferraille dont des boulets chauffés au rouge qui déclenchèrent des incendies. Les bombardements intenses sur le village qui ont provoqué la destruction d’une tour principale, la Cornille, furent suivis de transactions. Elles s’éternisèrent. Mais la place étant privée d’eau potable, les religionnaires acceptèrent de se rendre le 9 décembre 1578. Le lendemain, à la demande du recteur du Comtat, cent dix femmes, filles et enfants, suivis de cent dix soldats avec leurs armes, sortirent enseignes déployées et tambours battant. Sous la conduite de Pape de Saint-Auban, ils se retirèrent à Murs.
Le siège avait duré cinq ans, deux mois et huit jours ; il avait coûté 95 000 écus à Pie V et plus de 322 000 livres aux communes du Comtat Venaissin.
Période moderne
Ménerbes a été chef-lieu de canton après la Révolution (de 1790 au 8 Pluviôse an IX / 28 janvier 1801). Au milieu du XIXe siècle, la population de la commune a atteint son plus haut niveau de 1 800 habitants, mais elle est tombée à moins que 800 au milieu du siècle suivant. Aujourd’hui la commune compte 1 150 habitants. L’économie locale tourne de nos jours autour de l’agriculture, du tourisme (le village bénéficie du label accordé par l’association Les plus beaux villages de France) et l’exploitation de carrières de pierres de taille, dont la pierre blanche calcaire dite « pierre de Ménerbes », a longtemps assuré des revenus substantiels à la commune.
Le village de Ménerbes est assez riche en monuments, parmi lequels : Le Castelet (un petit château construit sur les ruines d’une ancienne forteresse), l’église Saint-Luc richement décorée du XIVe siècle, le beffroi et son campanile, la chapelle Saint-Blaise du XVIIIe siècle, la Carmajane et l’Hôtel Tingry (demeures du XVIIIe siècle) et la Citadelle (château du XIIIe siècle, mais reconstruit au XVIe siècle puis au XIXe siècle).
Ménerbes est connu pour les écrivains et les artistes qui y ont vécu : Clovis Hugues (poète et homme politique), Pablo Picasso (artiste qui offre une maison à la photographe Dora Maar en 1944), Nicolas de Staël (peintre français d’origine russe qui choisit de s’installer au Castelet en octobre 1953), Joe Downing (peintre américain), François Nourissier (écrivain) et Peter Mayle (écrivain anglais).